Qatar et coupe du monde 2022 - Faits et chiffres

En novembre 2022, le Qatar devient le plus petit État à accueillir un événement sportif majeur de l’importance de la coupe du monde de football. Situé au cœur du Golfe Persique et au milieu de la zone très aride de la péninsule arabique, le petit Émirat a connu une forte croissance démographique et économique à partir des années 1980. Il est par la suite devenu l’un des pays les plus riches du monde avec un PIB par habitant atteignant 70.000 dollars en 2021. Ce miracle économique dopé par les réserves pétrolières et gazières du pays reste cependant fortement aux mains des familles dirigeantes. Très conservateurs sur le plan social, ces milieux sont régulièrement pointés du doigt en matière du respect des droits de l’Homme, en particulier vis-à-vis des conditions de vie des femmes et des travailleurs immigrés. En effet, des cas de semi-esclavage ont notamment été découverts par Amnesty international.

Une économie qatarie très dépendante de la rente pétrolière

Le PIB qatari a été multiplié par quatre entre 1998 et 2021, un exploit réalisé par l’importance des exportations du pays, notamment de gaz et de pétrole. Cependant cette forte dépendance à la rente pétrolière est à double tranchant pour la croissance économique du pays. Au milieu des années 2010, le PIB du pays s’est fortement contracté à cause de la chute des prix du pétrole sur le marché international. Mais en 2022, le Qatar a conquis de nouveaux marchés, notamment européens puisque la Russie a baissé ses exportations énergétiques vers l’Europe. La France n’a pas fait exception et a conclu de nombreux contrats d’importation de gaz naturel liquéfié pour remplir ses stocks annuels. En 2020, les exportations de gaz naturel liquéfié du Qatar s’élevaient à 105 millions de mètres cube.
Cette situation permet au Qatar d’enregistrer une balance commerciale largement excédentaire avec plus de 26 milliards de dollars excédentaires en 2021. À titre de comparaison, la France a annoncé un solde commercial déficitaire de 26 milliards d’euros en 2019. Mais l’Émirat ayant un climat aride, il doit importer de nombreuses marchandises pour subvenir aux besoins de sa population. Ses principaux partenaires à l’importation étaient les États-Unis et la France en 2019.

Le plein emploi pour la population masculine

La structure de la population qatarie est semblable aux pays européens. Le Qatar a terminé sa transition démographique, passant de près de sept enfants par femme au début des années 1960 à 1,83 en 2020, soit un taux de fécondité similaire au taux français. Comme l’Occident, le Qatar fait face à un vieillissement rapide de sa population avec un âge médian qui a augmenté de 13 ans entre 1974 et 2022. En revanche les plus de 65 ans ne représentent encore qu’une part infime de la population qatarie.
Grâce à un taux de chômage quasi inexistant et une très faible proportion de personnes âgées dans sa population, une très large part de la population qatarie est active sur le marché du travail, surtout la population masculine. En effet, sur l’ensemble des emplois pourvus au Qatar, seulement 36% des postes étaient pourvus par des femmes en 2020. La situation économique du pays attire de nombreux travailleurs étrangers. Le Qatar est d’ailleurs l’un des rares pays du monde où la population locale est en minorité. En 2017, la part des immigrés représentait 65% de la population. Ce phénomène est assez fréquent dans les pays du Golfe comme les Émirats Arabes Unis ou le Koweït. La force de travail immigrée, principalement originaire d’Asie du Sud et du Sud-Est, est embauchée dans l’industrie énergétique mais aussi dans les chantiers du bâtiment et travaux publiques, notamment pour la construction des stades de la Coupe du Monde 2022.

Coupe du Monde 2022 et pouvoir autoritaire

En décembre 2010, à l’immense surprise des spectateurs et journalistes présents, la FIFA annonce l’attribution de la Coupe du Monde 2022 au Qatar. Cela a lieu sur fond de possible corruption concernant l’obtention des voix et des enquêtes judiciaires ont été ouvertes dans trois pays. Le Qatar obtient le droit d’organiser la première coupe du monde de football dans un pays arabe, l’Émirat doit donc se doter de nouveaux stades. Avant 2010, un seul stade pouvant accueillir des matchs internationaux était en service au Qatar, mais sept autres stades sont construits entre 2010 et 2022, tous d’une capacité minimale de 40.000 places. Cet important besoin en infrastructure sportive et touristique en si peu de temps a engendré des conditions de travail critiques pour les travailleurs immigrés. Au total, plus de 6.700 travailleurs sont décédés sur les chantiers de la coupe du monde 2022. Amnesty International rapporte des conditions de quasi-esclavage mises en place par les employeurs avec des confiscations de passeports, des horaires de travail illimités, et des salaires impayés.
Le Qatar est régulièrement pointé du doigt pour ses manquements au respect des Droits de l’Homme. Le pluralisme politique y est absent, les libertés civiles liées à l’expression des opinions politiques sont absentes. Le Qatar fait partie des pays classés comme autoritaires d’après le rapport 2021 « Democracy index ». Le Gouvernement qatari pratique une répression forte de la liberté de la presse malgré la présence de la grande agence de presse internationale Al-Jazeera. La place des femmes au sein de la société est également préoccupante, seul 4% des parlementaires du pays sont des femmes et les revenus moyens des femmes qataries sont deux fois inférieurs à ceux des hommes.

Dans un monde où l'on souhaite davantage de sobriété énergétique et de lutte contre le changement climatique, l’organisation d’une coupe du monde dans un pays désertique est fortement contestée. La prise de conscience environnementale de la population dans de nombreux pays, en particulier en Europe et en Amérique du Nord, a pour conséquence un changement de comportement des citoyens, y compris dans leur vie privée. Par exemple, le phénomène du « flight shaming », ou honte de prendre l’avion, s’est développé en Suède puis dans certains autres pays d’Europe ces dernières années. Que ce soit par le développement de nouvelles technologies ou par un retour vers d’anciennes habitudes, l’heure est à l’écomobilité, notamment en France, comme vous pouvez le comprendre grâce à notre dossier sur les mobilités durables en France.