Malgré l’explosion des ventes de vêtements d’occasion, l’industrie de la mode reste l’une des plus polluantes du monde. Rejet de produits toxiques lors de la fabrication, longs transports en avion et destruction des invendus, le vêtement cumule les types de pollution tout au long de sa – souvent courte – durée de vie. En 2023, l’industrie de la mode a émis 968 millions de tonnes de CO2 dans le monde.
La production et la vente de vêtements en France
Parmi l’ensemble des vêtements vendus en France, seule une minorité y sont fabriqués. La valeur de la production française de textiles stagne depuis des années autour de 6,5 milliards d’euros et la balance commerciale de la France est continuellement déficitaire dans ce secteur. La plupart des produits textiles sont importés en France, et ce majoritairement depuis l’Asie. A elle seule, l’Asie a exporté plus de 11 milliards d’euros de vêtements vers la France en 2020.Non seulement les vêtements des Français sont-ils fabriqués à l’étranger, mais ce sont également souvent des entreprises étrangères qui vendent ces produits aux Français. Depuis quelques années, la situation est particulièrement compliquée pour les enseignes françaises, dont plusieurs ont été placées en redressement judiciaire. Camaïeu, du Pareil au Même, San Marina, Kookaï, Kaporal ou encore Naf Naf, ces marques françaises se sont effondrées. D’abord concurrencées par la Suédoise H&M ou l’Espagnole Zara, ces enseignes subissent aujourd’hui l’inflation, la hausse des prix de l’énergie et des matières premières, des dettes accumulées pendant la pandémie de Covid, et enfin la concurrence d’entreprises d’ultra fast fashion comme Shein.
Une des seules exceptions semble être Kiabi. L’enseigne française, qui cartonne grâce à ses petits prix, figure parmi les trois principales enseignes d'habillement en France, avec Zara et H&M. En 2021, Kiabi était même la marque de vêtements dénombrant le plus grand nombre de clientes en France, avec plus de 4,5 millions d’utilisatrices cette année-là. Chez les hommes, elle était troisième derrière Célio et Jules.
Dématérialisation des points de vente et boom de la seconde main
Après le choc subi par le secteur de l’habillement en raison de la pandémie de Covid, c’est l’inflation qui est venue freiner les dépenses des Français. Au premier trimestre 2023, le montant des ventes du secteur de l'habillement était de 9,06 milliards d’euros en France, contre plus de 10 milliards d’euros au premier trimestre 2019. La pandémie a aussi eu pour conséquence l’accélération de la tendance des achats en ligne. En 2022, les revenus de l’e-commerce ont atteint plus de 19 milliards de dollars en France pour les vêtements. Sur Internet, les Français se tournent principalement vers les produits d’occasion et vers des marques très peu onéreuses. L’entreprise chinoise Shein était en 2022 la boutique de mode en ligne réalisant le chiffre d’affaires le plus élevé en France, avec des ventes en ligne annuelles nettes atteignant près de 1,03 milliard de dollars en France. Pour les ventes d’articles de mode de seconde main, c’est Vinted qui domine le marché. Concentrant plus de 12% du trafic total sur des sites Internet de mode en France, Vinted a atteint un chiffre d’affaires de 370 millions d’euros en 2022. Devancées seulement par Lidl Plus et par Amazon, Vinted et SHEIN figurent toutes les deux parmi les quatre applications de shopping et de vente en ligne les plus téléchargées en France en 2022.La mode et le secteur du luxe français
S’il y a bien un secteur français qui survit à toutes les tendances et à tous les concurrents, c’est le luxe. La France est un leader du secteur du luxe dans de nombreux domaines, notamment dans la mode. Chanel figure parmi les entreprises françaises de ce secteur avec les revenus les plus importants. En 2022, son chiffre d’affaires a atteint 17,2 milliards de dollars.Dans ce secteur, Chanel n’est dépassé que par un seul autre acteur français : LVMH. Le leader mondial du luxe LVMH, dirigé par Bernard Arnault, l'une des personnes les plus riches du monde, a réalisé un chiffre d'affaires record de 79 milliards d'euros en 2022, soit une augmentation de 23 % par rapport à l'année précédente. Dans le portefeuille de la multinationale française, on trouve Dior, Kenzo, Givenchy, mais aussi Louis Vuitton, la deuxième marque de vêtements la plus valorisée au monde, devancée seulement par le fabricant d'articles de sport Nike. Près de la moitié du chiffre d’affaires de LVMH provient de ses activités de mode et de maroquinerie, ce qui correspond à 38,65 milliards d’euros pour 2022.
D’autres marques françaises, plus petites, rencontrent également du succès. Lacoste par exemple, est l’une des marques préférées des hommes en France, avec plus d’1,8 million d’utilisateurs français en 2021.
Alors que les Français consomment volontiers des produits de luxe, ces derniers attirent également des touristes, en particulier à Paris, où, chaque année, plus de 30 nouvelles boutiques de luxe ouvrent leurs portes.
L’impact environnemental des vêtements
L’industrie du vêtement est polluante à plusieurs échelles : lors de la fabrication, lors du transport et à la fin de la vie du vêtement, lorsque les invendus sont détruits, jetés, ou exportés vers des pays d’Asie ou d’Afrique.Les produits chimiques utilisés par l’industrie de la mode peuvent aussi être toxiques pour la personne portant le vêtement, comme le démontrait Greenpeace Allemagne dans un rapport publié en novembre 2022 à propos de SHEIN.
Face à ces problèmes, de plus en plus de marques françaises proposent de la mode éthique, souvent fabriquée en Europe dans des matériaux durables, près de 64% des Français déclarant acheter des vêtements éthiques au moins une fois par an.
Enfin, le marché de la seconde main permet aux vêtements d’être réutilisés plutôt que jetés. En 2023, près de la moitié des Français avaient déjà acheté des vêtements d’occasion et revendu des vêtements.
Dans une société où tout va toujours plus vite, il est possible que le vêtement du futur n’ait même plus besoin d’être acheté mais soit simplement loué pour une utilisation temporaire./.
